EBULITION

CULTURE ET ACCULTURE Les trente glorieuses ont poussé la France à " importer " massivement des travailleurs étrangers originaires d'Espagne, du Portugal et surtout du Maroc de l'Algérie et de la Tunisie. Ainsi, plus d'un million de personnes s'est trouvé sans préparation aucune, confronté au dur travail dans les mines de charbon. Un million de personnes différent par leur faciès, leur langue, leur tenue vestimentaire et bien sûr par leur culture, ont côtoyé pour la première fois, sans aucune préoccupation d'intégration ou d'assimilation les mineurs français. Malgré les difficultés de communication inhérentes à la différence des langues, rien n'est venu perturber cette cohésion multiculturelle qui a su générer plus que des relations de travail, souvent des amitiés sincères fondées sur la base de valeurs humaines.  Jamais l'intégration n'a été au centre des débats politiques,  jamais la religion n'a altérée la bonne entente entre ces travailleurs aux origines si différentes. La France a su assimiler cette population et cette dernière a su s'intégrer aux valeurs assimilatrices sans effort et sans pression. Le travail a été le vecteur essentiel de cette parfaite osmose culturelle. Trente ans durant, les travailleurs immigrés ont fondé leur famille et élevé leurs enfants sur la base d'une capitalisation des cultures qui n'a jamais provoqué de réactions sociales négatives. Puis vint le temps des vaches maigres, l'économie mondial s'orientant vers les ressources pétrolières, les mines se sont progressivement effacées du paysage économique et social de la France. Les migrations massives de 1962 ont conforté cette situation de pénurie d'activité, ce qui a provoqué l'émergence d'un  chômage structurel auquel les enfants d'immigrés ont été les premiers touchés. Le chômage devenant plus pressant, des esprits inquiets et malveillants ont attribué cette difficile situation aux étrangers. Des politiciens véreux au passé douteux et aux perspectives contestables ont profité de cette douloureuse circonstance sociale pour montrer du doigt ceux qu'ils estimaient être l'objet de cette pénurie de travail. Ainsi, la France est-elle passé de cette belle période si humaine à celle de l'exclusion que l'on a rapidement qualifiée " d'exclusion culturelle ". Les étrangers devenaient subitement et paradoxalement inintégrables oubliant de ce fait que le rapprochement équilibré entre les hommes fait appel aux deux notions d'assimilation et d'intégration agissant en mouvement d'osmose inverse. Si pendant les trente glorieuses, l'assimilation (volonté d'une société d'accueillir des individus différents ou pour le moins qui lui sont étrangers) et l'intégration, (qui se conçoit comme la volonté de ces étrangers de s'insérer dans la société accueillante) ont été volontairement recherchées, le chômage a généré la fermeture de cette volonté d'assimilation. Ainsi, aujourd'hui, c'est à tort que l'on évoque les conflits de société en les qualifiant de préoccupation d'intégration, la vérité est que les étrangers sont restés fidèles à leurs aspirations première et que le changement résulte de la réticence de la société française à assimiler cette population. De fait, les stratégies d'intégration développées ici et là ont auront autant d'effet qu'un plâtre sur une jambe en bois. La seule méthode consiste à développer l'assimilation en orientant toutes les actions politiques et stratégiques sur la société française encore réticente par peur de lendemains économiques difficiles. Quant à la volonté d'intégration des migrants, elle n'a jamais varié et reste à ce jour particulièrement attachée aux valeurs de la république. Le développement de l'esprit passe obligatoirement par un phénomène d'enrichissement culturel que seul l'étranger peut apporter. Tout autre paradigme contraire à cette vérité serait source d'appauvrissement et donc d'acculture. A l'évidence CULTURE et ACCULTURE sont deux mondes qui s'affrontent pour la construction d'une société nouvelle. Il importe aujourd'hui de faire le bon choix. NB : Prochain article proposé sur le thème de la " Ségrégation positive "